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néphélococugie

Gens sans esprit, gens qui ne peuvent rien,
Pleins de lourdesse, ignorans de tout bien,
Qui seullement comme esclaves attendent
La volonté de ceux qui leur commandent :
A souffrir tout de nature dispos,
Quelque fardeau qu’on mette sur leur dos.

Le Messaiger

Escoute encor que le reste je die
De mon message.

Genin

De mon message. Or poursuis, je t’en prie !

Le Messaiger

Noz murs ainsi dextrement ordonnez,
Et mieux dressez, bastis et maçonnez,
Il ne restoit pour les murailles clore
Que des portaux et pont-levis encore :
Et n’ayans point de Cocus charpentiers,
Qui de doler le boys feussent ouvriers,
Le Roy voyant tarder nostre entreprise,
D’un beau moyen en son esprit s’advise :
Il envoya de ces Oyseaux chercher
Qu’on voit au creux des arbres se cacher
Et faire un bruict dans la ramée espaisse
Fendans le boys et becquetans sans cesse,
Robustes, fortz, en leurs plumages verdz,
Oyseaux de Mars et appelez Pycvers.
Ces Oyseaux promptz et ardens à leur tâche
D’un bec pointu qui leur servoit de hache
Et de rabot et de sie à la fois
Pour bien polir et pour fendre le boys,
En peu de temps leurs portaux achevèrent
Et sur des gondz aux murz les esleverent
Bien chevillez, bien clouez et bien joinctz,
Bien charpentez et garniz de tous points :