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néphélococugie
Tout rit alors, soit dans les plaines,

Soit aux forestz sombres et pleines
D’oyseaux qui entonnent leurs chantz,

Soit aux prez, aux montz et aux champs.


ANTEPIRRHEME


La Caille

Vous rirez, spectateurs, de ma corne, peut-estre,
Que vous voyez ainsi sur mes fesses parestre
Contre le naturel des Cailles qui n’ont point
Dans leur cul une corne affichée en ce point ;
Mais de quoy rirez-vous ? Ce n’est pas de merveille
Si aux autres Oyseaux je ne suis pas pareille,
Puisqu’aux bestes pareil n’est le Rhinoceros
Estant cornu au nez, aux fesses et au dos.
Que si vous contemplez en vostre ame profonde
Les debvoirs de nature et ses effaictz au monde,
Cela vous sera plus pour prodige tenu
De voir un Dieu au front ou un homme cornu,
Qui sont formez parfaictz, que de voir en nature
La Caille avoir au cul une grand’corne dure.
Toutefois les mortelz et les Dieux ont esté
Cornuz dessus leur front remply d’authorité ;
Cornu feut ce Rommain magnifique et brave homme,
Cippus qui refusa d’estre tyran de Romme,
Aymant mieux s’exiler de son propre vouloir
Qu’en son païs natal la Monarchie avoir ;
Cornue estoit Metis que Jupiter son pere
Devora d’un morceau pour ne la voir point mere
D’un enfant qui debvoit tous les Dieux surmonter
Et ravir fièrement le sceptre à Jupiter ;
Cornu estoit aussi à son vouloir Prothée
Pressé de Menelas ou du jeune Aristée,
Et feut cornue encor celle qui secouroit
Son pere Erisycton lequel de faim mouroit ;