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vallées entières. Dans plusieurs endroits on distinguait encore l’ouverture d’anciens cratères. Les couches argileuses et volcaniques des montagnes sont en général horizontales ; mais sur quelques points elles se dressent perpendiculairement, ou bien elles sont courbées ou onduleuses ; souvent on les prendrait pour l’ouvrage de l’art.

Le 22 juillet, le camp se rendit au lac Henri, l’une des sources principales du Columbia ; il a environ dix milles de circonférence. Nous gravissions à cheval la montagne qui sépare les eaux de deux grands fleuves : le Missouri, qui est à proprement parler la branche principale du Mississipi et se jette avec lui dans le golfe du Mexique ; et le Columbia, qui porte le tribut de ses eaux à l’océan Pacifique. De la place élevée où je me trouvais, je distinguais facilement les deux lacs des Maringouins, sources d’une des principales branches de la fourche du nord du Missouri, appelée la rivière de Jefferson. Les deux lacs ne sont guère qu’à huit milles l’un de l’autre. Je me dirigeai vers le sommet d’une haute montagne, pour mieux examiner la distance des cours d’eau qui donnent naissance à ces deux grandes rivières ; je les vis descendre en cascades d’une hauteur immense, se précipitant avec fracas de roc en roc ; même à leur source ils formaient déjà deux gros torrents qui n’étaient guère qu’à une centaine de pas l’un de l’autre. Je voulais absolument atteindre la cime. Au bout de six heures de fatigue, je