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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

en qualité de chasseur de castors, offrit généreusement de me servir et de m’aider dans toutes mes courses. Il était résolu, me disait-il, à passer le reste de ses jours dans les pratiques de sa sainte religion. Il avait presque oublié la langue flamande, excepté ses prières et un cantique en vers flamands en l’honneur de Marie, qu’il avait appris étant enfant sur les genoux de sa mère, et qu’il récitait tous les jours. Pendant trois jours nous remontâmes la Rivière-Verte, et le 8 nous la traversâmes, nous dirigeant à travers une plaine élevée qui sépare les eaux du Colorado de celles du Columbia. Le lin, dans cette plaine, ainsi que dans toutes les vallées des montagnes que j’ai traversées, croît dans la plus grande abondance : il ressemble en tout au lin qu’on cultive en Belgique, excepté qu’il est bisannuel ; même tige, calice, semence, et fleur bleue qui se ferme le jour et s’ouvre le soir. En quittant la plaine, nous descendîmes par un sentier de plusieurs mille pieds et nous arrivâmes dans la vallée de Jackson. Le penchant des montagnes voisines abonde en plantes des plus rares, et offre une superbe collection pour l’amateur botaniste. La vallée a dix-sept milles de long sur cinq à six de large. De là nous passâmes par un défilé étroit et extrêmement dangereux, mais en même temps pittoresque et sublime. Des murailles de rochers presque à pic s’élèvent jusqu’à la région des neiges perpétuelles, et se projettent souvent au-dessus d’un sentier étroit