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TRADITIONS, MOEURS ET COUTUMES

Chacun d’eux est muni d’un sac qui contient quelques racines et des plantes médicinales, auxquelles ils rendent une espèce de culte. Ils tiennent leurs croyances dans le plus grand secret, et se montrent très-difficiles à admettre des adeptes. Ils dansent et chantent beaucoup dans leurs réunions, et se donnent de fortes secousses les uns aux autres, en pressant leurs sacs à médecine sous le bras. Une chose très-remarquable, et que je tiens de témoins oculaires, c’est qu’ils s’avouent vaincus et cessent leurs opérations superstitieuses lorsqu’une personne baptisée, portant une marque de sa religion, comme une croix ou une médaille bénite, s’approche du lieu de leurs assemblées. Une vieille femme sauvage que j’instruis en ce moment, et qui a appartenu longtemps à la grande médecine, a été menacée de mort par les jongleurs, si elle se faisait chrétienne ; elle paraît bien ferme cependant dans ses bonnes résolutions. L’exemple de son mari et de ses six enfants, que j’ai baptisés, sert beaucoup à l’encourager. Les chefs de cette secte sont craints parmi les sauvages, et en imposent beaucoup à leur crédulité : ils font accroire aux pauvres Indiens qu’ils peuvent prendre à volonté la forme d’un serpent, d’un ours, d’un loup ou de tout autre animal ; qu’ils peuvent prédire l’avenir et découvrir le meurtre et le vol. La connaissance des simples leur fait opérer souvent des cures extraordinaires. Après avoir administré la médecine aux malades,