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DES POTTOWATOMIES

sa corne à poudre et son sac à plomb ; mettent à côté de lui sa pipe et son sac à tabac bien rempli, avec quelques autres provisions, telles que du sucre, de la viande sèche, du maïs, etc. ; provisions dont il pourrait avoir besoin dans son voyage au pays des âmes. Tous lui souhaitent une heureuse journée, lui prennent la main pour la dernière fois, et la tombe se ferme. Ils plantent ensuite devant le tombeau le poteau des braves ; au sommet on peint en rouge l’animal ou dodême, esprit tutélaire du défunt, et tous les assistants y font une ou plusieurs marques : ce sont des croix rouges, par lesquelles ils veulent représenter tout autant de mânes de leurs ennemis vaincus qu’ils destinent à servir d’esclaves à leur camarade dans l’autre monde. J’en ai vu qui avaient de quatre-vingts à cent de ces croix.

Dans le tombeau d’un enfant, ses parents avaient pratiqué une petite ouverture pour donner passage à l’âme. La mère désolée garda la tombe pendant deux jours, pour découvrir si l’objet de sa tendresse avait rencontré quelque âme généreuse dans l’autre monde, ou bien s’il y était malheureux. Voici à quels signes elle prétendait le reconnaître : si elle voyait un joli oiseau, ou quelque bel insecte, l’augure lui serait favorable ; si au contraire elle rencontrait un reptile dégoûtant ou un oiseau de proie, alors tout était perdu pour son enfant. Heureusement les jours étaient sereins, les papillons et d’autres beaux insectes de toute