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UNE ANNEE DE SÉJOUR

Le 23, je continuai ma route par des montagnes affreuses, des rochers escarpés, et des forêts en apparence impénétrables : à peine pouvais-je croire que jamais mortel nous eût devancés dans un pareil sentier. Au bout de quatre journées de la marche la plus fatigante et la plus pénible, nous nous trouvâmes sur les bords de la Racine-amère, et dans la soirée du 27, j’eus le bonheur de rentrer sain et sauf à Sainte-Marie, et d’y trouver mes chers confrères en bonne santé. Les Têtes-plates avaient quitté le village depuis dix jours, dans la compagnie du P. Point, pour se procurer des vivres : quelques-uns seulement étaient restés pour la garde du camp.

Le 29, je me remis en route pour aller les rejoindre sur les eaux du Missouri : nous remontâmes la Racine-amère jusqu’à sa source ; le 1er août, nous plantâmes la croix sur le sommet d’une haute montagne près d’une belle fontaine, l’une des sources du Missouri, et le lendemain, après une marche forcée, nous atteignîmes le camp, et fîmes un échange de nouvelles qui dura bien avant dans la nuit.

J’accompagnai quelque temps dans leurs courses le P. Point et nos chers néophytes, obligés, pour chercher leur pain quotidien, de faire la chasse aux buffles sur les terres mêmes des Pieds-noirs, leurs plus cruels ennemis. Le 15 août, fête de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie (date de cette lettre), j’ai célébré le saint sacrifice de la Messe dans une belle plaine, arrosée par l’une