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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

des forêts et des plaines immenses, qui n’offrent rien de bien remarquable. Les hautes plaines qui séparent les eaux de la Rivière-aux-serpents de celle des Spokanes contiennent quelques curiosités naturelles : on s’y croirait dans le voisinage de plusieurs villes fortifiées, et entourées de murs et de petits forts épars dans toutes les directions. Ce sont des piliers qui, taillés en forme de triangles de carrés ou de pentagones réguliers de deux à quatre pieds de diamètre, et s’élevant perpendiculairement et serrés les uns contre les autres, forment de longs murs de quarante à quatre-vingts pieds de hauteur. Chemin faisant nous rencontrâmes quelques Nez-percés et Spokanes qui nous témoignèrent beaucoup d’amitié : quoique pauvres, ils nous offrirent plus de saumons que nous n’étions capables d’en porter.

Mes chers Cœurs-d’alêne étaient venus à ma rencontre, et grande fut la joie de part et d’autre en nous revoyant. Ils avaient strictement observé tous les règlements que je leur avais prescrits dans ma première visite. Ils m’accompagnèrent pendant trois jours jusqu’aux extrémités de leur territoire : nous plantâmes une croix sur le sommet d’une haute montagne couverte de neige, ou, à l’exemple des Têtes-plates, toute la peuplade se consacra solennellement au service de Dieu. Nous y campâmes la nuit ; le lendemain la prière eut lieu en commun au pied de la croix, et après une longue exhortation, je leur fis mes adieux.