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UNE ANNEE DE SÉJOUR

flèches, que les proches parents et amis des défunts y laissent comme autant de gages de leur amitié et de marques de leur douleur.

Nous campâmes sur le bord d’un beau petit lac appelé, comme la rivière, Skarrameep. Nous y trouvâmes un village de Skuyelpis ; je leur fis plusieurs instructions, et baptisai leurs petits enfants. En mémoire de ma visite, ils donnèrent le nom de Leêeyou Pierre (le Père Pierre) à une immense montagne rocheuse qui domine tout le pays. À mon départ, tous voulurent m’accompagner. Nous ne vîmes de toute la journée qu’une terre stérile et sablonneuse, et des rochers surmontés de cèdres et de pins épars. Vers le soir, nous rencontrâmes le premier camp des Okanakanes : ils nous reçurent avec la plus grande cordialité. Le chef, qui était venu au-devant de nous, portait un singulier costume, une tunique faite de la peau d’un cheval, le poil en dehors et la longue crinière répartie sur la poitrine et sur le dos : il se mit à notre suite avec tout son camp ; et le bruit de ma visite s’étant répandu dans toutes les directions, on vit sortir de tous côtés, des défilés et des gorges des montagnes, des bandes d’Indiens qui s’étaient dispersés pour faire leur récolte de racines. Plusieurs malades me furent présentés sur mon passage pour recevoir le baptême, dont ils connaissaient déjà l’importance. Avant d’arriver sur les bords du lac Okanakane, lieu fixé pour le rendez-vous, je me vis entouré de plus de deux cents