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UNE ANNEE DE SÉJOUR

nombre et leur énormité, lorsque nous revenons à lui avec un cœur pénitent : il te fera cette grâce, si tu marches dans le sentier que Jésus-Christ, son Fils unique, est venu tracer au repentir. » Je lui racontai ensuite l’histoire du bon larron et la touchante parabole de l’Enfant prodigue ; je lui fis remarquer que ma visite même devait être à ses yeux une preuve de la bonté du Seigneur à son égard ; que peut-être sa vie touchait à sa fin, et que, le voyant, à cause de ses péchés, sur le penchant de l’abîme, le Grand-Esprit m’avait envoyé vers lui pour l’empêcher d’y tomber, et pour le mettre dans la bonne voie qui le conduirait infailliblement au ciel après sa mort. C’était comme un baume mystérieux que j’avais versé sur ses plaies. Il devint plus calme et plus tranquille ; l’espoir et la joie semblèrent renaître dans ses traits ; il me répondit : « Robe-noire, tes paroles me raniment. Je le vois, l’espérance m’est encore permise. Tu m’as soulagé du pesant fardeau qui m’accablait, car je me croyais perdu. Je suivrai tes conseils, j’apprendrai la prière ; oui, je suis maintenant convaincu que le Grand-Esprit aura pitié de moi. » Par bonheur, il y avait dans ce camp un jeune homme qui savait toutes les prières et se montrait prêt à lui servir de catéchiste. Son baptême fut remis jusqu’à l’automne ou l’hiver.

Ma visite chez les Stietshoi ou Cœurs-d’alêne n’a pas eu de moins heureux résultats. Cette tribu