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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

nion, qui ne précéda que de quelques jours celui de sa mort, ce bon vieillard, interrogé s’il n’avait pas quelque faute à se reprocher depuis son baptême : « Des fautes ! reprit-il avec étonnement, et comment aurais-je pu en faire, moi dont le devoir était d’apprendre aux autres à faire le bien ? » Il fut enseveli dans le drapeau rouge qu’il arborait tous les dimanches pour annoncer que c’était le jour du Seigneur. Son excellent fils Alphonse le suivit de près à la fleur de l’âge ; il me disait le jour de son baptême : « Je crains d’offenser encore le Grand-Esprit ; c’est pourquoi je lui ai demandé la grâce de pouvoir bientôt mourir. » Il tomba malade quelques jours après, et mourut des suites de cette maladie dans les sentiments les plus chrétiens, remerciant Dieu de l’avoir exaucé. Dans l’espérance de la résurrection glorieuse, leurs restes mortels ont été déposés au pied de la croix. Au-dessus on pourrait écrire en lettres d’or : « C’est ici surtout que la croix est un signe de salut. » En effet, de trente personnes mortes cette année, pas une seule qui nous ait donné le moindre sujet d’appréhension pour le salut de son âme.

N’ayant pu obtenir cette année du fort Colville ni vivres, ni outils, ni les habillements nécessaires pour les besoins de notre Mission, je me suis mis en route pour le fort Vancouver, le grand entrepôt de l’honorable Compagnie de la baie d’Hudson. Sa distance est d’environ mille milles de notre