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UNE ANNEE DE SÉJOUR

dit qu’elles étaient là depuis un siècle. Deux années auparavant, les mêmes Pends-d’oreilles, aidés des Têtes-plates, en tout soixante-dix hommes, avant été attaqués par quinze cents Pieds-noirs, en tuèrent cinquante pendant les cinq jours que dura la bataille, et se retirèrent sans qu’il leur en coûtât un seul homme ; ils n’en étaient venus aux mains qu’après avoir fait leurs prières à genoux. Il n’y a que quelques jours, j’ai vu l’endroit où six Têtes-plates ne firent pas difficulté de résister à cent soixante Pieds-noirs, et ils y mirent tant de résolution, qu’avec une poignée de leurs gens accourus à leur secours ils remportèrent la victoire.

Après les Pieds-noirs, la nation la plus perfide est celle des Ranax ; ceux-ci aussi en veulent aux Têtes-plates ; même il est arrivé plus d’une fois qu’au moment où ils n’en recevaient que des marques d’amitié, ils concevaient le dessein de les détruire. On en a déjà vu une preuve ; en voici une autre. Un jour, un parti de deux cents Ranax visita un camp des Têtes-plates où il n’y avait que vingt hommes ; ils y furent cordialement reçus. Après avoir fumé, ils s’en retournèrent ; mais le petit nombre des Têtes-Plates n’ayant pas échappé à leurs observations, ils conçurent le projet de profiter de leur avantage ; et déjà, à la faveur de la nuit, ils revenaient sur leurs pas pour exécuter leur dessein, lorsque le chef Michel, en ayant reçu avis, rassembla à la hâte ses vingt