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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

les animaux, il en est un auquel ils sont tout à fait étrangers, c’est la visite des Pieds noirs qui rôdent sans cesse dans ces parages, particulièrement là où se trouve le gros gibier, et surtout où il y a des chevaux à voler.

De tous les sauvages des montagnes, les Pieds-noirs sont sans contredit les plus nombreux, les plus méchants, les plus voleurs ; mais heureusement, à force d’avoir été battus par les petites peuplades, ils en sont venus à un tel point de lâcheté, qu’à moins d’être vingt contre un, ils ne s’en prennent plus guère qu’aux chevaux. Grâce au peu de vigilance de leurs courageux ennemis, ils le font avec tant d’adresse et de succès, que cette année, pendant le sommeil de nos bons Têtes-plates, ils ont pénétré plus de vingt fois dans l’intérieur du camp et ont enlevé plus de cent chevaux.

Pendant l’hiver, une vingtaine de ces messieurs visitèrent les Têtes-plates en plein jour, et sans rien voler, mais voici comment. Il y avait dans le camp un vieux chef Pied-noir, qui avait été baptisé le jour de Noël et avait reçu le nom de Nicolas ; ce bon sauvage, sachant que le Missionnaire aurait volontiers une entrevue avec ses confrères, se mit à les haranguer pendant la nuit si bien qu’à la suite d’un calumet planté sur les limites du camp, et de l’envoi d’un parlementaire, on entendit des chants dans les montagnes voisines, et bientôt sortirent d’une gorge sombre