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UNE ANNÉE DE SÉJOUR

dron de fuyards ; comme l’animal était dispos, je n’eus pas de peine à les atteindre, je parvins même à faire quitter son poste à celui qui les commandait ; mais ledit commandant, outré de cette manière d’agir, s’arrêta tout court, et me présenta un front de bataille si menaçant, que je n’eus rien de plus pressé que de lui ouvrir un passage pour le prier de continuer sa route ; et bien m’en prit ; car ce jour-là, le choc d’un seul de ces animaux causa trois chutes : la sienne, celle du cheval et celle du cavalier ; mais heureusement, plus prompt et surtout plus adroit que je ne l’eusse été en pareille conjoncture, le dernier lâcha son coup si juste, que des trois tombés il ne s’en releva que deux. »

Une autre fois, un chasseur désarçonné n’eut d’autre parti à prendre pour éviter d’être éventré, que de saisir l’agresseur par les cornes au moment où il se ruait contre lui tête baissée, et de lutter contre l’animal furieux jusqu’à ce qu’ayant retrouvé ses jambes, il crut pouvoir leur confier son salut. Un troisième, en fuyant à toute bride, se sentit tout à coup arrêté ; la queue tressée de son cheval était accrochée à la corne d’une vache. Celle-ci se croyant prise au piège, celui-là ayant la même pensée, tous deux, pour se défendre, firent en sens inverse de si grands efforts, qu’il est facile de deviner ce qui en résulta. La chasse du buffle n’est donc pas sans dangers ; mais les plus grands ne sont pas ceux que l’on court en poursuivant