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VOYAGES

térieur du pays qu’arrosent les sources et les tributaires de la rivière Travers, ont chacun leur langue différente. Voilà les obstacles que nous avons à vaincre tous les jours. Nos entrailles se dessèchent de voir tant d’âmes périr sous nos yeux, sans pouvoir leur rompre le pain de la parole de vie.

De plus, nos moyens temporels sont limités ; nous ne sommes que deux ; nos valises ne sont pas arrivées, le printemps dernier, par le bâtiment de l’honorable Compagnie ; nous avons épuisé nos ressources. Les sauvages, les femmes et les enfants nous demandent en vain des chapelets ; nous n’avons plus de catéchismes de notre diocèse à distribuer, point de livres de prières en anglais à donner aux Irlandais catholiques, point d’ouvrages de controverse à prêter. Le ciel semble être sourd à nos besoins, à nos prières, à nos vœux, à nos désirs les plus ardents. Jugez de notre situation, et combien nous sommes à plaindre.

Cependant nous sommes environnés de sectes qui font mille efforts pour répandre le poison de l’erreur, qui tâchent de paralyser le peu de bien que nous faisons. Les méthodistes sont établis en cinq endroits : au Wallamette à huit milles de notre établissement ; chez les Klatsaps, au sud de l’embouchure du Columbia ; à Nesqually sur le Puget-Sound ; aux grandes dalles, en bas de Wallawalla ; enfin à la chute du Wallamette. Les missions presbytériennes sont à Wallawalla et aux environs de Colville.