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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

ministère de tous les ordres, outre le soin du temporel qui est un grand fardeau. Les femmes des Canadiens, prises de toutes les parties du pays, apportent la diversité des langues dans les familles. On parle généralement partout un mauvais jargon qui ne peut servir de base à notre instruction publique. De là les obstacles au progrès ; nous allons à pas lents. Il faut enseigner le français en enseignant le catéchisme, ce qui nous prend un temps infini. Nous sommes réellement accablés. Les sauvages nous tendent les bras de tous côtés ; mais nous n’avons pas le temps de les cultiver. Nous faisons quelques missions à la hâte parmi eux ; nous baptisons les enfants, et les adultes en danger de mort. Nous n’avons pas le loisir d’apprendre les langues ; jusqu’à présent nous avons même manqué d’interprètes pour traduire les prières : ce n’est que depuis peu que j’ai réussi à le faire en langue tchinouk. Les difficultés augmentent par la multiplicité des langues. Les Kalapouyas du haut du Wallamette, les Tchinouks de la Columbie, les Kavous du Wallâwalla, les Nez-percés, les Okinakanes, les Têtes-plates, les Serpents, les Cowlitz, les Klikatats de l’intérieur au nord de Vancouver, les Tchéhélis au nord de l’embouchure du Columbia, les sauvages de Nesqually et de l’intérieur de la baie de Puget-Sound, ceux de la rivière Travers, les Klalams de la même baie, ceux de l’île Vancouver, des postes du nord sur le bord de la mer et dans l’in-