Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/332

Cette page a été validée par deux contributeurs.
284
VOYAGES

Ces nattes ornées de festons de verdure, de jolies draperies autour de l’autel, un ciel où se trouvait le saint Nom de Jésus, le tableau de la Sainte Vierge au-dessus du tabernacle, la porte du tabernacle représentant le sacré Cœur de Jésus, les images des stations du chemin de la croix enchâssées dans des cadres rouges, la lumière des flambeaux, le silence de la nuit, l’approche d’un grand jour, le calme du soir après un terrible ouragan : tout cela avec la grâce de Dieu disposa si bien les cœurs et les esprits, que je ne crois pas qu’il fût possible de voir sur la terre une assemblée d’hommes plus semblable à la compagnie des élus. C’est là le beau bouquet qu’il fut permis aux Pères d’offrir le lendemain à saint François-Xavier. Ce jour, on passa quatorze heures et demie à l’église : depuis huit heures du matin jusqu’à dix heures et demie du soir, il n’y eut qu’un intervalle d’une heure et demie pour le repas. Voici l’ordre suivi : d’abord on baptisa les chefs et les hommes mariés, qui servirent ensuite de parrains aux jeunes gens et aux petits garçons. Vinrent ensuite les femmes mariées qui conservaient leurs maris, puis les veuves et les femmes délaissées ; enfin les jeunes personnes et les petites filles.

Qu’il était consolant d’entendre ces bons sauvages répondre avec intelligence à toutes les questions qui leur étaient adressées, réciter leurs prières avec un redoublement de ferveur au moment où on les baptisait, et se retirer ensuite à leurs places