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VOYAGES

met, font connaître au premier coup d’œil à quiconque est versé dans les usages de ces Indiens, les désirs de la nation qui le présente, ou ce qu’elle a résolu de faire.

Le calumet entre dans toutes leurs cérémonies religieuses : c’est l’instrument par lequel ils préludent à toutes leurs invocations. Fumer est leur préparation prochaine, lorsqu’ils s’adressent au Grand-Esprit, au soleil, à la lune, à la terre et à l’eau, et qu’ils les prennent pour témoins de leur sincérité et pour garants de leurs engagements. Cette coutume des sauvages, quoique ridicule en apparence, a cependant son bon côté. L’expérience leur a appris que l’action de fumer tend à dissiper les vapeurs du cerveau, à relever leur courage, à les habituer à penser et à juger avec justesse ; c’est pourquoi le calumet est encore introduit dans leurs conseils comme prologue, et devient comme le sceau de leurs décrets lorsque les résolutions sont prises. Ils l’envoient, comme gage de fidélité et de respect, à ceux qu’ils veulent consulter, ou avec qui ils ont fait alliance ou conclu un traité.

L’opinion des sauvages sur les bons effets du tabac ne sera peut-être pas admise par tout le monde, car l’expérience semble démontrer que la fumée du tabac agit puissamment sur le système nerveux. Je répondrai pour les sauvages : si la fumée est aspirée et puis rejetée par la bouche, elle produit sans doute les effets d’un narcotique plus ou moins stupéfiant ; mais lorsqu’elle est