Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/316

Cette page a été validée par deux contributeurs.
268
VOYAGES

hommes à faire des pirogues, des pagaies (rames), des filets, en un mot, tous les ustensiles dont ils se servent pour la pêche, et précipita dans les rivières des rochers pour arrêter les poissons afin qu’ils pussent en prendre autant qu’il leur en faudrait.

Les cérémonies d’enterrement parmi les Talkotins, qui habitent la Nouvelle-Calédonie à l’ouest des montagnes, sont bizarres et révoltantes. Le corps du défunt est exposé devant sa loge durant neuf jours ; le dixième, tous les parents et voisins se réunissent dans un endroit élevé : on place le cadavre sur un bûcher, et l’on y met le feu, au milieu des manifestations de joie des spectateurs. Tout ce que le défunt possédait est réuni autour du corps ; si c’est un personnage de distinction, ses amis y ajoutent un habillement neuf et complet. Cependant le médecin a recours une dernière fois à tous les sortilèges en usage pour rappeler le défunt à la vie : voyant qu’il ne peut y réussir, il étend sur le cadavre une couverture de peau, cérémonie dont le but et l’effet est d’apaiser les parents irrités du mauvais succès de la cure. Pendant les neuf jours que le cadavre reste exposé, la veuve du défunt est obligée de se tenir auprès, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, quelque temps qu’il fasse, fût-on au plus fort de l’été ou de l’hiver. Sur le bûcher, on l’étend à côté du cadavre ; elle y demeure jusqu’à ce qu’il plaise au charlatan de la faire retirer, c’est-à-dire