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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

catholique n’avait encore mis le pied. Ces bons Indiens étaient au comble de la joie en apprenant que j’espérais bientôt pouvoir laisser un Père au milieu d’eux. Ils avaient déjà fait un premier essai de la vie civilisée en cultivant les patates : ils m’en offrirent plusieurs plats ; ce furent les premières que je vis depuis mon départ des États-Unis. Leurs loges sont faites en nattes de jonc comme celles des Potowatomies à l’est des montagnes. Avant de se coucher, ils assistèrent encore à des instructions que leur firent Técousten et un autre chef. Quelle admirable leçon pour les Européens ! Tous les soirs, l’un des chefs fait une instruction, ou donne quelques avis salutaires à sa peuplade ; et tous y assistent avec tant de respect, de modestie et de recueillement, qu’à les voir, on les prendrait plutôt pour des religieux que pour des sauvages. Lorsque le chef finit, tous répondent Koey ! mot qui correspond à notre Amen. Le lendemain, avant mon départ, je baptisai vingt-sept de leurs petits enfants.

Dans la matinée, nous traversâmes une montagne et entrâmes dans la grande plaine de Kamath. Les loups y sont très-nombreux et féroces : au printemps dernier ils ont enlevé aux Kalispels et dévoré plus de quarante chevaux. Une fontaine d’eau thermale se trouve à peu de distance au nord-est. Un défilé montagneux d’environ dix milles nous conduisit de cette plaine dans la belle prairie aux chevaux. Là, des Kalispels