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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

gieuses, et leur trouvai un caractère doux, poli, affable, et les meilleures dispositions pour recevoir la doctrine évangélique : avant de me quitter, Os me prièrent avec instance de venir instruire leur peuplade. Pendant la prière du soir, trois Kalispels arrivèrent au même endroit, et s’arrêtèrent tout court à la distance d’une centaine de pas, pour ne pas nous troubler dans nos exercices de piété. Un de nos chasseurs nous apporta un beau chevreuil, un autre deux faisans ; ces derniers sont très-nombreux ici, et se laissent souvent tuer à coups de pierre : leur chair est blanche et très-délicate.

La vallée de Sainte-Marie a une étendue de cent cinquante à deux cents milles en longueur, sur quatre à sept milles de large ; elle est bornée des deux côtés par des amas de rochers entassés les uns sur les autres, à une hauteur considérable, presque inaccessibles à cause des débris qui en encombrent le pied, et couverts en plusieurs endroits d’une légère couche de terre d’où s’élèvent jusqu’aux nues d’épaisses forêts de pins. Ces forêts sont peuplées de toutes sortes d’animaux, particulièrement de chevreuils, de biches, de grosses-cornes, de moutons d’une laine blanche comme la neige et fine comme la soie, d’ours et de loups de toute espèce, de panthères, de tigres, de chatstigres et de chats sauvages, de carcajoux, animal à pattes courtes, long d’environ quatre pieds et d’une force extraordinaire : lorsqu’il a tué sa proie, chevreuil, cabri ou grosse-corne, il enlève une