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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

teur (saint François de Borgia) nous bénit du haut du ciel ; ce jour enfin, fête de la Maternité divine, que ne nous promet pas la Vierge qui a donné son Fils pour le salut du monde ! Quinze jours après le quatrième dimanche d’octobre, fête du Patronage de la Sainte Vierge, nous lui offrions comme prémices de la première réduction matérielle, la première chambre de notre résidence ; vingt-cinq petits sauvages recevaient le baptême ; des représentants de vingt-cinq nations différentes assistaient aux instructions ; et pour tant de faveurs reçues par l’entremise de Marie, tous d’une voix unanime nous la proclamions Reine de la réduction naissante, en donnant à cette dernière le nom de Sainte-Marie.

Peut-être certains esprits forts souriraient-ils en lisant ces remarques ; mais il me semble que les âmes pieusement éclairées conviendront volontiers que la réunion de ces circonstances, jointe à la manière dont nous avons été appelés, envoyés et amenés dans ces parages, jointe surtout aux dispositions de nos bons Indiens en faveur de notre sainte Religion, que tout cela, dis-je, est bien propre à nous fortifier dans l’espérance que nous avions conçue depuis longtemps, de revoir bientôt ici ce qui s’est vu de si admirable dans les réductions du Paraguay ! Aussi est-ce là maintenant l’unique pensée qui nous occupe le jour, le rêve de nos nuits ; et ce qui me prouve que ce beau idéal n’est pas seulement un rêve, c’est qu’au