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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

sur les terres que leurs guerriers infestent le plus souvent ; déjà l’on croyait les avoir vus en grand nombre derrière la montagne en face de nous. Mais incapables de s’effrayer à la vue des Piedsnoirs, eussent-ils été cent fois plus nombreux, nos braves Têtes-plates, dont le courage était centuplé par le désir de nous introduire chez eux, se montrèrent tout disposés à se défendre. Pilchimoe, élevant en l’air sa carabine, part comme un éclair, se dirige droit vers le lieu où il suppose l’ennemi, escalade la montagne et disparaît à nos yeux, suivi de loin par trois ou quatre de ses camarades. Cependant le camp se préparait à soutenir l’assaut, les chevaux étaient attachés, les armes prêtes, lorsque nous vîmes descendre de la montagne, non des Pieds-noirs, mais nos braves Indiens suivis d’une douzaine de Ranax. Un parti de ces sauvages se trouvait dans les environs ; en nous apercevant dans le lointain, ils s’étaient rassemblés, beaucoup plus pour s’enfuir que pour nous attaquer. Il y avait parmi eux un chef qui nous parut avoir les meilleures dispositions en faveur de la religion. J’eus avec lui une longue conférence, dans laquelle je reçus la promesse formelle que tous ses efforts tendraient à inspirer à ses gens les sentiments que je lui inculquais. Il nous quitta avec sa suite, le lendemain du jour où les quatre chefs Têtes-plates arrivèrent pour nous féliciter de l’heureuse issue de notre voyage.

Nous vîmes en cette occasion combien la raison