Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
VOYAGES

le plus de difficultés. Le premier passage vraiment difficile fut celui de la fourche du sud de la Platte ; mais comme nous étions avertis depuis longtemps des difficultés qu’il offrait, nous avions pris nos précautions d’avance, et nos jeunes Canadiens en explorèrent si bien le fond, que nous le traversâmes, sinon sans tumulte et grande peine, du moins sans grave accident. Les chiens de la caravane eurent à faire le plus d’efforts ; laissés sans bateau sur l’autre rive, il fallut à ces pauvres bêtes une bien grande fidélité à leurs maîtres, pour les déterminer à passer à la nage une rivière de près d’un mille de large, et dont le courant est si rapide, qu’il eût emporté les charrettes si on ne les eût soutenues de tous les côtés pendant que les mulets tiraient de toutes leurs forces pour les faire avancer. Aussi nos chiens ne la traversèrent-ils que lorsqu’ils eurent vu qu’il n’y avait plus pour eux d’autre alternative que de vaincre les flots ou de perdre leurs maîtres. Comme nous, ils furent heureux dans leur traversée. Ordinairement on passe cette fourche en bullboat, c’est le nom qu’on donne à des bateaux construits sur les lieux avec des peaux de buffle crues ; quand l’eau est grosse ou qu’on ne trouve pas de gué, leur emploi est absolument nécessaire : il ne le fut pour nous ni dans cette occasion, ni dans d’autres semblables.

Le second passage est celui de la fourche du nord de la Platte, moins large, mais plus rapide et plus profonde que celle du sud. Nous avions passé