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VOYAGES

sa propre graisse ; les Indiens ajoutent qu’avant d’entrer dans ses quartiers d’hiver, c’est-à-dire, dans le creux d’un rocher ou d’un arbre, ou dans quelque cavité souterraine, il se purge, puis se remplit de semences sèches qu’il ne digère point. Alors il reste couché pendant plusieurs semaines sur le même côté, le talon d’une patte toujours dans la gueule ; puis il se retourne, ce qu’il ne fait que quatre fois de tout l’hiver.

Les tigres sont très-nombreux dans les parages d’où j’écris, mais il paraît que la peur de l’homme ne les domine pas moins que les autres animaux. Il n’y a que quelques jours, un chasseur indien revenait au camp avec trois belles peaux de tigres, de huit à neuf pieds de long depuis l’extrémité de la queue jusqu’au nez. Il avait découvert leurs traces, et quoiqu’il ne fût armé que d’un arc et de flèches, et accompagné seulement de deux petits chiens, il s’était mis hardiment à leur poursuite, jusqu’à ce que, les ayant aperçus sur une hauteur, il réussit à les tuer. Les tigres ont une force extraordinaire dans la queue et s’en servent adroitement pour étrangler les chevreuils, les grosses-cornes, les cerfs et les autres animaux dont la chair leur sert de nourriture.

Ci-joint vous trouverez la liste des animaux, poissons, oiseaux, arbres, arbustes, fleurs et fruits, que nous avons vus pendant notre voyage.

Je suis, etc.

Votre dévoué neveu,
P. J. De Smet, S. J.