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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

eux, tous chasseurs adroits, s’avancèrent pour lui livrer bataille. Cachés derrière une petite éminence, ils s’approchèrent à la distance de quarante pas sans être aperçus. Quatre lâchèrent alors leur coup de fusil, et les quatre balles se logèrent dans le corps de l’animal, deux passèrent à travers les poumons. L’ours furieux se leva en sursaut, et, la gueule béante, se précipita vers ses ennemis. Comme il approchait, les deux chasseurs qui avaient réservé leur feu lui tirent deux nouvelles blessures, dont l’une, lui cassant l’épaule, retarda un instant ses mouvements ; néanmoins avant qu’ils eussent le temps de recharger leurs armes, il était déjà si près d’eux qu’ils furent obligés de courir à toutes jambes vers la rivière. Deux eurent le temps de se réfugier dans le canot, les quatre autres se séparèrent, et, se cachant derrière les saules, tirèrent coup sur coup aussi vite qu’ils purent recharger ; toutes ces blessures ne firent que l’exaspérer davantage ; à la fin il en poursuivit deux de si près, qu’ils cherchèrent leur salut dans la rivière en s’élançant d’une hauteur d’environ vingt pieds. L’ours plongea après eux ; il ne se trouvait plus qu’à quelques pieds du dernier, lorsqu’un des chasseurs, sorti des saules, lui tira un coup dans la tête qui l’acheva. Ils le traînèrent ensuite sur le bord de la rivière : huit balles l’avaient percé de part en part.

Tous les sauvages des montagnes confirment l’opinion qu’en hiver l’ours suce sa patte et vit de