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VOYAGES

besoin de l’assistance d’un camarade pour l’en retirer.

D’où vient le nom qu’on a donné au chien-de-prairie ? Personne n’a pu nous le dire. Pour la forme, la grosseur, la couleur, l’agilité, il ressemble à l’écureuil, et habite en communauté, dans des villages qui ont parfois plusieurs milliers de loges ; la terre répandue autour de chaque trou fait un talus qui facilite l’écoulement de la pluie. À l’approche de l’homme, ce petit animal se hâte de rentrer dans sa retraite en jetant un cri perçant, qui, répété de loge en loge, avertit la peuplade de se tenir sur ses gardes. Au bout de quelques minutes, on voit les plus hardis ou les plus curieux mettre le nez à la fenêtre ; le chasseur qui les guette choisit ce moment pour lâcher son coup, ce qui demande beaucoup d’adresse, vu qu’ils n’exposent à l’air que le sommet d’une tête fort petite et fort mobile. Quelquefois ils sortent tous ensemble ; c’est, au dire des sauvages, pour s’assembler en conseil. Quel est alors l’objet de leurs délibérations ? Il n’est pas facile de le deviner ; nos pareils sont des profanes dont ils évitent la présence ; seulement à en juger par les hôtes qu’ils reçoivent, il faut croire que la sagesse y préside. Les habitués du logis sont le pigeon, l’écureuil barré, le serpent à sonnettes ; sympathie singulière qu’on ne peut guère expliquer que par la différence des appétits. Cet animal ne se nourrit, dit-on, que de rosée et de racine de gazon.