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VOYAGES

même un cheval ou un mulet, n’ait été piqué une seule fois, lorsque, dans un seul jour, sans quitter, pour ainsi dire, leurs charrettes, nos charretiers en tuaient jusqu’à douze à coups de fouet ?

Il est un point controversé entre les naturalistes au sujet dés fourmis, c’est de savoir si le grain qu’elles ramassent doit servir à leur nourriture d’hiver, ou seulement à la construction de leurs cellules. Peut-être nos remarques pourront-elles servir à résoudre la difficulté. Il n’y a ici dans les fourmilières ni froment, ni grain qui en tienne lieu, par conséquent point de provision de bouche de cette nature ; à leur place, ce sont de petits cailloux, que ces insectes laborieux élèvent en monceaux de trois à quatre pieds de diamètre sur un pied de haut ; d’où il est, ce semble, permis de conclure que le grain, employé ailleurs au même usage que ces petits cailloux, n’est point destiné à nourrir la fourmi, mais bien plutôt à lui bâtir une demeure.

Chose étonnante ! la puce n’a pas encore fait son apparition dans les montagnes ; la vermine, au contraire, ronge les pauvres sauvages ; et ce qu’il y a de plus triste, c’est que, loin de songer à s’en débarrasser, ils l’entretiennent par leur malpropreté.

On a souvent parlé des maringouins : ils m’ont tant tourmenté dans ce voyage, que je puis bien contribuer pour ma part à publier leur méchanceté. Quand il s’agit de nuire à l’homme, il n’y a