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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

messaioia (racine noire), du kamath, des racines à biscuit, des cerises, des graines, des baies, tout le ménage enfin, et les productions que ces sauvages ramassent pour leurs provisions d’hiver dans leurs arides montagnes et leurs riantes vallées. Nous vîmes en différentes circonstances, des familles entières sur un même cheval, juchées du cou jusqu’à la croupe, chacun selon son âge, les petits enfants et les femmes par-devant et les hommes à l’arrière. En deux occasions diverses, je comptai cinq personnes ainsi montées : deux certes paraissaient aussi capables, chacune à elle seule, de porter la pauvre bête, que le cheval était à même de supporter leur poids.

Plusieurs endroits sur la rivière à l’Ours renferment de grandes curiosités en fait d’histoire naturelle. Une petite plaine de quelques arpents carrés présente une surface unie de terre blanche (terre à foulon) sans la moindre tache : elle ressemble à une pièce de marbre blanc, ou à un champ couvert d’une neige éblouissante. Dans les environs, on trouve un grand nombre de fontaines de grandeur et de température différente : il y en a qui ont un petit goût de soude, ces dernières sont froides ; les autres sont d’une chaleur douce semblable à celle du lait qu’on vient de traire.

Une de ces fontaines est surtout remarquable : elle forme un joli monticule d’une substance mêlée de pierre et de soufre, et de la forme d’un chaudron renversé, ne laissant au sommet qu’une