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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

Sauveur naissant, que nous nous casâmes avec empressement ; car nous n’allions plus avoir, pour des mois entiers, d’autre abri qu’une tente au milieu d’un désert immense. Une voiture brûlée sur le bateau, un cheval qui s’est échappé en débarquant pour ne plus revenir, un autre cheval malade à devoir le laisser en route, bien des choses qui demandaient supplément et réparation, nous arrêtèrent en cet endroit jusqu’au 10 de mai.

Nous partîmes donc le 10 de Westport, et après avoir passé par les terres des Shawnees et des Delawares, où nous ne vîmes de remarquable qu’un collège de Méthodistes bâti au milieu des meilleures terres du pays, nous arrivâmes, après cinq jours de marche, sur les bords de la belle rivière des Kants. Nous y trouvâmes ceux de nos gens qui nous avaient précédés par eau avec une partie de notre bagage. Deux parents du grand chef des Kants étaient venus à notre rencontre à plus de vingt milles de là ; pendant que l’un d’eux aidait nos bêtes de somme à passer la rivière en nageant devant elles, l’autre annonçait notre arrivée aux premiers de la peuplade qui nous attendaient sur l’autre rive ; et le bagage, les voitures et les hommes traversaient l’eau dans une grande pirogue ou tronc d’arbre creux qui de loin avait l’apparence de ces gondoles qu’on voit flotter dans les rues de Venise. Aussitôt que les Kants accourus à notre rencontre eurent appris que nous allions camper sur les bords de la Rivière-aux-