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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

Je ne répéterai pas ici mes petites aventures, d’autant plus que la relation que j’en ai faite vous sera probablement parvenue. La merveille est que j’arrivai à Saint-Louis, plein de santé, au plus fort de l’hiver. La promptitude inespérée de mon retour, le rapport si consolant que je pus faire sur le compte des Têtes-plates, tout avait contribué à faire sur l’âme généreuse de mes confrères une si vive impression, que presque tous, Pères et Frères, se crurent appelés à partager les travaux d’une mission qui offrait tant d’attraits à leur zèle. Néanmoins cinq seulement furent élus pour m’accompagner ; c’étaient : le P. Nicolas Point, Vendéen, aussi zélé et courageux pour sauver les âmes, que le fut autrefois La Rochejacquelein, son compatriote, pour défendre la cause de son roi ; le P. Grégoire Mengarini, venu récemment de Rome, et que notre T. R. Père général lui-même avait jugé on ne peut plus propre à cette mission à cause de l’âge, de la vertu, de la facilité étonnante de ce père pour les langues, de ses connaissances en musique et en médecine ; enfin trois Frères coadjuteurs, dont deux Belges, le F. Guillaume Claessens, charpentier ; le F. Charles Huet, ferblantier, espèce de factotum ; et un Allemand, le F. Joseph Specht, forgeron ; tous trois industrieux, pleins de dévouement à l’œuvre de la Mission, et de la meilleure volonté du monde. Depuis longtemps ils avaient ardemment désiré et demandé ces missions. Elles sont les plus nécessiteuses et