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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

bandes ou folâtraient sur des projections de rochers escarpés au delà de la portée du fusil. Le chevreuil y est abondant, particulièrement celui à queue noire qu’on ne trouve guère que dans des pays montagneux. C’est un noble et bel animal, couvert d’une robe de couleur brun foncé ; on le voit sauter des quatre pieds à la fois, et ses mouvements sont si vifs, qu’il paraît à peine toucher la terre. Toutes les rivières et ruisseaux que nous traversâmes dans notre course donnaient des marques évidentes que l’industrieux castor, la loutre et le rat musqué étaient encore les possesseurs paisibles de leurs bords solitaires. Les canards, les oies et les cygnes n’y manquaient pas. Ce pays abonde en charbon et en minerai de fer. La Roche-jaune m’a paru sillonnée par de nombreux courants ; elle n’est pas navigable, si ce n’est au milieu de l’été, lorsque les eaux, à la fonte des neiges, se précipitent en torrents du haut des montagnes.

Le fort Union est le plus vaste et le plus beau des forts que la Compagnie des pelleteries possède sur le Missouri ; il est situé à 2,200 milles de St-Louis. Les Messieurs qui y résident nous comblèrent de politesses ; ils ne pouvaient revenir de leur étonnement au sujet du dangereux voyage que nous venions si heureusement de terminer. Pendant notre séjour parmi eux, ils fournirent libéralement à tous nos besoins, et, à notre départ pour le village des Mandans, ils nous chargèrent