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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

peignes. Souvent de grands chefs, pendant qu’ils m’entretenaient, étaient sans cérémonie leur tunique en ma présence, et, tout en causant, s’amusaient à faire cette espèce de chasse dans les coutures ; à mesure qu’ils délogeaient le gibier, ils le croquaient avec autant d’appétit que des bouches plus civilisées croquent les amandes et les noisettes, les pattes d’écrevisses et de crabes. Leurs chaudières, leurs marmites et leurs plats, à moins de tomber par accident dans l’eau, ne touchent jamais cet élément pour être lavés. Les femmes portent des espèces de chapeaux sans bords, faits de paille, très-serrés et gommés ; dans leurs loges, ces chapeaux leur servent de vases à boire et de plats pour manger la soupe, et ce qui vous paraîtra incroyable au premier abord, elles s’en servent même pour préparer la viande ; et à l’aide de cailloux incandescents elles chauffent l’eau dans cette espèce de marmite.

La grande ambition du sauvage et toute sa richesse consistent à avoir des chevaux, une belle loge, une bonne couverture ou casaque et un bon fusil. Au delà, à peine y a-t-il quelque chose qui puisse le tenter. Le seul avantage que lui donnent ses chevaux, c’est qu’au temps de la chasse, il peut tuer autant de buffles qu’il le désire, et emporter beaucoup de viande.

Les sauvages sont très-adroits à tanner la peau d’un animal. Ils ôtent les chairs avec un fer dentelé, et le poil avec une petite pioche ; alors la