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la domination germaine, semble avoir été assez douce et facile : le joug du vainqueur ne pesa plus lourdement sur eux, que pour châtier des séditions et des révoltes inutiles[1]. Et dans les lois d’Ini, ce roi saxon de l’ouest assure aux vaincus la même personnalité juridique qu’à ses sujets.

D’après les explications précédentes, on peut conclure qu’il ne reste aucune source historique des conquêtes germaines en Angleterre, et que s’il y en eut jamais une, elle demeure irrévocablement perdue. Seuls, Prosper Tyro et Procope font mention de ces événements en des termes qui paraissent ne pas correspondre à la réalité des faits. Le premier répète sans cesse que vers 441, la Bretagne fut finalement réduite sous la domination saxonne, alors que Procope cite la relation imparfaite et presque fabuleuse qu’il reçut de l’événement[2].

Les quelques faits réunis par Bède au commencement du viiie siècle, forment donc la seule base de toutes les déductions historiques postérieures, et Bède[3] écrivant l’histoire ecclésiastique de ces temps, laissait de côté tous détails séculiers. Les annales des rois, les traditions erronnées vinrent s’ajouter aux travaux de Bède ; les cycles épiques et

  1. « Quorum illi qui Northwallos, idest Aquilonales Britones dicebantur, parti Westsaxonum regum obvenerant. Illi quondam consuetis servitiis seduli, diu nil asperum retulere, sed tune rebellionem méditantes, Kentuninus rex tam anxia cæde perdomuit, ut nihil ulterius sperarent. Quare et ultima malorum accessit captivis tributaria functio ; ut qui antea nec solam umbram palpabant libertatis, nunc iugum subiectionis palam ingemiscerent ». W. Malmsb, Vit. Aldhelmi, Ang. Sac., II, 14.
  2. Procop, Bel. Got., IV, 20.
  3. Bède tente de donner quelques détails sur l’état de la Bretagne, avant l’arrivée d’Augustin, mais il se borne à quelques citations de Solinus et Gildas, et à rapporter une vie légendaire de Saint-Germain. Et il lui arrive de mettre en doute certains faits, comme ceux qui composent l’histoire d’Hengest. Cf. Hist. Eccl., I, 15.