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Constance fit passer l’empire à Constantin, son fils. La dignité impériale lui fut solennellement reconnue en Bretagne, et parmi les partisans de l’empereur, on compta Crocus ou Erocus, roi alaman qui avait accompagné son père, de Germanie. Plus tard, sous Valentinien, on trouve une armée auxiliaire d’Alamans, servant avec les légions romaines, en Angleterre.

Nous approchons, maintenant, de la période où fut compilé le document célèbre, intitulé : Notitia utriusque imperii[1]. Parmi les principaux officiers d’État administrant les intérêts de l’île, figure le comes littoris Saxonici per Britannias,et son gouvernement qui s’étendait des environs de Portsmouth jusqu’à Wells, en Norfolk, se composait de divers établissements civils et militaires, dispersés, çà et là, sur la côte. Il faut donc entendre par Litus saxonicum, la zone dans laquelle s’étaient établis les membres de la confédération saxonne.

Ces préliminaires n’ont eu d’autre but que de montrer ce qu’il y a d’incertain et de flottant dans ces traditions confuses, acceptées longtemps sans examen, entretenues par les chroniqueurs, et aboutissant à cette conclusion, sans base critique, de l’établissement des Germains en Angleterre, au ve siècle. Et que l’on considère, ici, que les arguments invo-

  1. Pancirolus date ce document de A. D. 438 ; Gibbon, en le réfutant, lui donne entre 395 et 407, pour date. Il semble qu’en fait il y ait erreur à supposer qu’à une pareille date, les Romains aient maintenu un établissement aussi puissant en Grande-Bretagne. Ammianus n’écrit-il pas en 364 : « Hoc tempore Picti, Saxonesque et Scotti et Attacotti Britannos ærumnis vexavere continuis » (Hist., XXVI, 4) ; ce qui ne peut répondre à un état florissant de l’armée et de la civilisation romaines dans l’île. Le document en question se place donc entre 390 ou 400, mais se réfère à une organisation de la puissance romaine dans l’île, en des temps moins troublés.