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LIVRE III. 41

logue. La servitude, entourée de dangers, ne pouvant exprimer ces pensées, transporta ses sentiments dans les fables, et déjoua la malveillance par d’ingénieuses fictions. J’ai fait une large route du sentier d’Ésope ; et, en cherchant des sujets dans les malheurs que j’ai éprouvés, j’ai écrit plus de fables qu’il n’en avait laissé, et j’ai même traité plusieurs sujets pour mon malheur. Si j'avais eu un autre accusateur, un autre témoin, un autre juge que Séjan, j’avouerais avoir mérité tant d’infortunes, et je ne chercherais pas de tels remèdes à ma douleur. Celui qui, s’égarant en de vains soupçons, s’appliquera à lui seul ce que j’ai écrit pour tous, trahira bien sottement le fond de sa conscience. Toutefois, je veux d’avance m'excuser auprès de lui ; car je désire, non signaler des vices particuliers, mais retracer en général les mœurs et la vie humaine. Peut-être me dira-t-on que la tâche est lourde. Mais si Ésope le Phrygien et le Scythe Anacharsis se sont immortalisés par leur génie, pourquoi, moi, qui tiens de plus prés à la Grèce savante, abandonnerais-je dans un lâche repos, la gloire de ma patrie ? La Thrace compte aussi ses

Brevi docebo. Servitus obnoxia,

Quia, quas volebat, non audebat dicere, Affectus proprios in fabellas transtulit, Calumniamque fictis elusit jocis. Ego illius pro semita feci viam, Et cogilavi plura, quam roliquerat, In calamitatem deligens quaedam meam. Quod si accusator alius Sejano foret, Si testis alius, judex alius denique, Dignum faterer esse me tan lis malis, Nec bis dolorem delenirem remediis.

Suspicione si quis errabit sua,

Et rapiet ad se, quod erit commune omnium, Slulte nudabit animi conscientiam. Uuic excusalum me velim nihilominus : Neque enim notare singulos mens est mihi, Verum ipsam vitam et mores bominura ostcndere. Rem me professum dicet fors aliquis gravem. Si Phryx ^sopus poluit, si Anacbarsis Scytha ^ternam famam condere ingenio suo : Ego, litteraUe qui sum propior Grsci», Cur somno inerli deseram patriae decus, Threissa quum gens numeret auctoras suos«