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AVERTISSEMENT

Quand cette traduction fut publiée [décembre 1811], elle fut favo- rablement accueillie. Les journaux du temps s’en occupèrent avec cette attention éclairée et bienveillante qu’on accordait alors aux tra- vaux dont le but était de mettre en lumière les œuvres des anciens. Le savant et spirituel M. de Boissonnade publia, à cette occasion dans le Journal de l'Empire, un article qui nous parait digne d’être repro- duit ici, à raison des détails intéressants qu’il renferme sur Publius Syrus et les mimes.

«  Je m’imagine que beaucoup de nos lecteurs ne connaissent que de nom Publius Syrus, et peut-être même n’en ont jamais entendu parler. Cela n’a rien de très-étonnant ; Publius n’a pas autant de ré- putation que de mérite.

« Publius naquit dans l’esclavage. On le nomma Syrus, parce qu’il vit le jour en Syrie. C’était dans l’antiquité, un usage à peu près général, de donner aux esclaves un nom formé sur celui de leur province ; c’est ainsi qu’en France on appelle quelquefois Bourguignon et Picard des domestiques nés en Bourgogne et en Picardie. On me dispenserait facilement des preuves ; mais, par esprit d’exactitude, je veux citer au moins le scholiaste de Juvénal : Antiquitus servis nomina ex gentibus suis ponebantur, ut apud Terentium frequenter legimus. Cette remarque est confirmée par le scholiaste de Théocrile (V, 2), qui donne pour exemple les noms Syrus et Carton. De cette coutume viennent ces noms de Gela, Lydus, Thrax, Phryx, Davus*, si fréquents dans les anciennes comédies.

« Syrus, encore enfant, fut conduit chez le patron de son maître, et le charma autant par l’agrément de sa figure que par la gentil- lesse de son esprit. On lui donna une éducation très-soignée ; on l’af- franchit, et ce fut alors qu’il dut prendre le nom de Publius, que sans doute portait son maître. En effet, les esclaves devenus libres

  • Les habitants de la Dacie s’appelaient Daves et Daces.