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En revanche, deux arrêts du Conseil d’État, des 17 juin et 10 septembre 1786[1], prolongent jusqu’au 1er août 1789 le terme fixé pour l’introduction des noirs étrangers aux Îles-du-Vent. Le droit à payer est réduit de 100 livres par tête à 30 pour la Martinique et la Guadeloupe, et à 6 pour Sainte-Lucie et Tabago. Par contre, pour les armateurs français, la prime était portée à 160 livres[2]. Une dépêche du Ministre, du 21 octobre 1787, prescrit aux administrateurs de la Martinique d’acquitter les primes dans la colonie même[3]. Par un troisième arrêt, du 24 juillet 1789[4], les primes accordées pour l’introduction des noirs de traite française aux Cayes, dans la partie sud de Saint-Domingue, et à Cayenne, furent prorogées jusqu’au 1er août 1790[5]. Quelque temps auparavant, s’était formée, des débris de la Compagnie de Guyane, une nouvelle Compagnie du Sénégal, qui, par arrêté du 10 novembre 1786[6], avait obtenu le même privilège qu’elle pour le monopole de la traite jusqu’au 1er juillet 1796, Mais elle ne tarda pas, elle aussi, à se ruiner. Les primes avaient atteint à la fin de l’ancien régime jusqu’à 3 millions de livres[7]. Il est vrai qu’il y avait d’abord pour les Compagnies ou les armateurs à faire d’assez grandes avances de fonds ; de plus, avec la navigation à voiles, il fallait tenir

    merce de la traite des noirs, d’après lesquelles les bâtiments ne peuvent partir que des ports de France qui en ont le privilège. »

  1. Arch. Col., F, 263, et série F6, carton intitulé : Police des nègres, Côtes d’Afrique.
  2. Cf. Arch. Col., B, 192, Martinique, 76. Circulaire du 4 septembre 1786, Il est constaté que l’arrêt du 28 juin 1783 n’a pas produit l’effet attendu, à cause de « l’excès des droits », etc.
  3. Durand-Molard, op. cit., IV, 432.
  4. Arch. Col., F, 233, p.869.
  5. Le gouvernement ne voulait pas laisser introduire de noirs étrangers à Saint-Domingue. C’est ce qui résulte d’une lettre ministérielle à M. Ruste, commissaire de Marine à la Martinique. Arch. Col., B, 196, p. 66, 14 octobre 1789.
  6. Cf. Walckenaër, Histoire générale des voyages, t. V, p. 8, 12.
  7. Cf. Arch. Col., F6, Police des nègres (Afrique). Le chiffre indiqué pour 1785 est de 1.619.523 livres et, pour les six premiers mois de 1786, 1.533.830 livres. Voir aussi Lettre de la Société des Amis des Noirs à M. Necker. À la page 6, il est question de 2.400.000 livres.