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promptement envoyé en France[1]. Une lettre du 23 mai 1753 à MM. de Bompar et Hurson[2] leur explique que, si les nègres ne viennent pas en plus grande abondance, c’est par suite des difficultés qu’on a éprouvées pour la traite aux côtes mêmes d’Afrique, où les troubles de l’intérieur ont rendu les esclaves assez rares. « Mais je suis informé, ajoute le Ministre, que, depuis plusieurs mois, les armements pour la côte de Guinée ont été multipliés dans nos ports. Il ne faut pas douter que, s’ils réussissent, comme il y a lieu de l’espérer, la traite des nègres ne reprenne faveur. Les négociants n’ont pas besoin d’être excités aux opérations qui leur sont lucratives, et il n’en est point dans le commerce qui leur présente plus d’avantages que cette traite, lorsqu’elle pourra se faire avec une certaine facilité. » Il y a deux vaisseaux de guerre sur les côtes d’Afrique pour protéger les négriers français. Malheureusement il s’est produit une « augmentation prodigieuse » dans le prix des nègres depuis la dernière guerre ; il est à craindre que la traite ne devienne jamais assez abondante pour faire tomber ces prix. Mais Sa Majesté ne veut « à aucun prix » de nègres de l’étranger. Enfin, le Ministre demande des renseignements précis sur la situation des îles « par rapport aux nègres », qu’il ignore absolument faute de recensements.

Les précautions les plus minutieuses continuent à être prises en faveur de la traite française. Par une ordonnance du 9 mars 1754[3], les administrateurs de la Martinique prescrivent les formalités que les Français établis aux îles conten-

  1. Arch. Col., B, 91, p. 71. Lettre ministérielle à M. de Lalanne, 7 décembre 1750. — Le roi s’efforce aussi de faire payer les armateurs. Cf. B, 93. pp. 13 et 44. Lettres à MM. de Chastenoix et Samson, pour qu’ils facilitent à des négociants de Nantes le recouvrement de « sommes considérables », qui leur sont dues depuis 1743 et 1744. Or les lettres sont des 11 avril et 26 octobre 1751. Voir encore B, 95, Îles-sous-le-Vent, p. 10. Lettres à MM. Dubois, de la Motte et de Lalanne, 9 février 1752.
  2. Arch. Col., B, 97, Îles-du-Vent, p. 26. — Voir aussi Lettre du 25 décembre 1753. Ib.’, p. 59.
  3. Arch. Col., F, 258, p. 753.