Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous espérons montrer que le travail libre eût été de beaucoup préférable. En réalité, c’est un intérêt mal entendu qui a fait adopter par la métropole et par les colons le travail servile comme unique moyen d’exploiter le sol. Nous ferons voir, en effet, comment ce préjugé a faussé dès le début le développement de nos colonies, qui en ressentent encore aujourd’hui, dans une certaine mesure, les effets.

Aussi avons-nous pensé qu’il n’y aurait peut-être pas seulement un intérêt rétrospectif a retracer le régime de l’esclavage, dont on parle assez communément, mais sans le connaître toujours d’une manière bien exacte. Ce n’est pas qu’il n’existe déjà une multitude d’écrits sur la matière. Mais presque tous les auteurs ont surtout traité la question de l’abolition de l’esclavage, qui a tant passionné les esprits dans la première moitié de ce siècle. Or, les abolitionnistes se sont placés uniquement au point de vue philosophique et philanthropique, tandis que les partisans du maintien de la servitude n’ont guère envisagé que celui de leurs intérêts. Qui ne sait que, dans toute polémique, où la passion, même la plus noble, est en jeu, on ne voit des faits que le côté propre à soutenir ou attaquer une théorie préconçue ? De là vient que la plupart ne se sont pas proposé de faire avant tout un exposé historique, dégagé de tout esprit de parti.

Il y a quelques années seulement, M. Paul Trayer a pris comme sujet de thèse pour le doctorat en droit une