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la colonie[1]. » D’autre part, nous venons de voir que l’autorisation accordée au sieur Boitard lui avait été ensuite retirée parce qu’il avait traité avec les Hollandais. Le 8 avril, il est interdit aux habitants de la Grenade de traiter des nègres avec les sauvages de la terre ferme[2] et permis d’aller en chercher aux côtes de la Nouvelle-Espagne[3]. Les Compagnies étaient naturellement opposées à la concurrence des nègres étrangers.

Une lettre du marquis d’Amblimont, du 4 mai 1699, nous révèle certains expédients auxquels elles ne craignaient point de recourir pour faire hausser le prix des leurs : des commis ont demandé jusqu’à 600 francs d’un seul. Ils « avaient écrit, dit-il, à leurs Compagnies de n’en pas tant envoyer, sans cela on n’en aurait pas le débit. Il y a là-dessous quelque chose que je n’ai pu encore pénétrer : quand un nègre beau et bon, sans aucun tar (sic), sera vendu 300 livres, et les jeunes et les femelles à proportion, le marchand y gagnera considérablement, et l’habitant pourra plus facilement en acheter, et ce bon marché coupera le col aux plus âpres sur le commerce étranger, que MM. du Bureau n’ont pas tout à fait retranché[4]. » Ce même administrateur nous apprend aussi que les Hollandais ont gagné des sommes immenses à vendre des nègres aux Espagnols.



III

Le commerce français songeait précisément à les imiter. Le Ministre écrit, le 29 juin 1701, à M. de Chamillart, pour prendre son avis sur cette question : « J’ai rendu compte au

  1. Arch. Col., B, 21, p. 15.
  2. Arch. Col., F, 249, p. 1042.
  3. Arch. Col., B, 21, p. 53. Lettre à M. d’Amblimont.
  4. Arch. Col., C8, 11.