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eux pour leur fournir 2.000 nègres[1] ». Elles n’en avaient fourni que 438[2]. Quelques jours après, le 6 juillet 1701, le Conseil prend un autre arrêt, leur enjoignant de porter aux îles, dans le délai d’un an, 150 à 200 nègres, « sur lesquels il en sera pris 115 aux choix des intéressés[3] ».

Dans l’intervalle, le roi venait de créer, par lettres patentes de septembre 1698[4], la Compagnie royale de Saint-Domingue, dite aussi de la Nouvelle-Bourgogne. L’article XIV est ainsi conçu : « La Compagnie sera obligée de peupler ladite colonie au moins de 1.500 blancs tirés d’Europe et de 2.500 noirs, dans l’espace de cinq ans, et, après l’expiration desdites cinq années, elle sera obligée d’y faire passer 100 blancs d’Europe au moins et 200 noirs par chacun an pour son entretien et augmentation, auquel effet nous avons accordé à ladite Compagnie la permission de faire la levée desdits blancs de gré à gré et de traiter pour les nègres avec les sujets des princes étrangers jusqu’à la concurrence dudit nombre de 2.500. » À ce sujet des nègres étrangers, la politique du gouvernement reste assez variable, suivant les nécessités du moment. Ainsi, le 4 février 1699, le Ministre écrit à M. de Ferolles : « Ce serait un mal considérable pour la colonie de permettre aux habitants de s’accoutumer à traiter des nègres avec ceux de Surinam ; mais, lorsqu’ils n’en ramèneront qu’un petit nombre, qu’on vous dira avoir acheté chez les Indiens, vous pouvez le tolérer, jusqu’à ce que les Compagnies de Guinée et de Sénégal en aient apporté suffisamment pour les besoins de

  1. Moreau de Saint-Méry, I, 664.
  2. Cf. Arch. Col., B, 21, p. 65. Lettre à M. de Galiffet, du 10 février 1700. Le sieur Auffray s’était engagé à fournir aux habitants et flibustiers de Saint-Domingue 2.000 nègres provenant du pillage de Carthagène. Des contretemps l’ayant mis hors d’état d’exécuter son engagement, Sa Majesté trouve juste qu’on le délie de ses obligations.
  3. Moreau de Saint-Méry, I, 670.
  4. Id., Ib., 610. Il donne septembre 1699, mais c’est une erreur. Nous l’avons vérifié aux Arch. Col., B, 21, 207. Il suffit de se reporter aussi au Code noir ou Recueil des règlements… concernant le gouvernement… et le commerce des nègres dans les colonies françaises, p. 104.