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dont ils se serviront et vous prendrez garde qu’ils n’en mettent aucun en pratique qui puisse être contraire au service et au bien de la colonie[1]. »

En même temps, le gouvernement tâchait d’empêcher que les nègres introduits aux îles n’en fussent exportés. Suivant une ordonnance du 28 avril 1694, « les capitaines, qui laisseront s’embarquer sur leurs navires des nègres des habitants des îles, devront les payer à raison de 400 livres chacun, de quelque âge et de quelque force qu’ils soient[2] ». La même défense leur est renouvelée, le 28 octobre suivant, sous peine d’interdiction pour six mois et de 500 livres d’amende en plus du paiement des nègres[3].

En mars 1696, est constituée la Compagnie royale du Sénégal, Cap Vert et côtes d’Afrique, avec un privilège de trente ans pour la traite[4]. Mais, bientôt après, l’intendant Robert réclame contre ce monopole et demande que la traite soit permise aux particuliers. La rareté des nègres a fait monter leur prix jusqu’à 12 et 15.000 livres de sucre. Ce ne serait pas trop d’en envoyer 2.000 ; les habitants de la Martinique seraient en état de les acheter en huit jours[5]. En conséquence, le roi presse la Compagnie de Guinée de tenir ses engagements, en la prévenant que, si elle ne le fait pas, il sera obligé d’autoriser plusieurs négociants qui ont demandé d’aller négocier sur les côtes d’Afrique[6]. Puis il l’informe, ainsi que celle du Sénégal, d’une offre qui lui a été faite par un particulier « de porter en deux ans aux îles 4.000 noirs qu’il achètera aux Hollandais ou autres[7] » pour les traiter dans les lieux de leur concession. Comme elles

  1. Moreau de Saint-Méry, I, 513.
  2. Id., Ib., 524.
  3. Id., Ib., 525.
  4. Id., Ib., 546. Lettres patentes du roi. — Cf. surtout art. 7, 22 et 24.
  5. Arch. Col., C8, 9.
  6. Arch. Col., B, 18, p. 28. Aux intéressés en la Compagnie de Guinée. Lettre du 18 juillet 1696.
  7. Ib., p. 288. Aux intéressés en les Compagnies du Sénégal et de la Guinée. Lettre du 27 novembre 1697.