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de Guinée. Il est dit dans le préambule : « Et comme il n’est rien qui contribue davantage à l’augmentation des colonies et à la culture que le laborieux travail des nègres, Sa Majesté désire faciliter autant qu’il se pourra la traite qui s’en fait des côtes de Guinée auxdites îles. » Un autre arrêt, du 18 septembre 1671[1], exempte de tous droits de sortie toutes les marchandises qui seront chargées dans les ports du royaume pour être portées aux côtes de Guinée en vue de les échanger contre des noirs. La Compagnie des Indes Occidentales jouissait déjà de l’exemption de la moitié des droits d’entrée pour toutes les marchandises qu’elle importait d’Amérique. En même temps, le Ministre écrit aux directeurs de la Compagnie que Sa Majesté ne veut plus qu’ils fassent aucun autre commerce que de nègres et de bestiaux[2] ; ce qui prouve bien l’importance qu’on attache dans la métropole au développement de l’esclavage.

Toujours avec la même intention de favoriser le commerce national, le roi, par une ordonnance du 13 janvier 1672[3], accorda une gratification de 10 livres payable aux armateurs pour chaque nègre débarqué aux îles françaises d’Amérique, et une gratification de 3 livres, payable par la Compagnie, aux capitaines. Ces primes se renouvelleront fréquemment et ne feront qu’augmenter ; c’est que, malgré les avantages de la traite, il ne manquait pas de risques à courir. En réalité, c’était un bon calcul de la part du roi ; car chaque nègre lui rapportait d’abord le droit perçu sur les produits des colonies contre lesquels il était échangé, puis les divers bénéfices résultant du développement général de la prospérité des îles, qui contribuait à celle du royaume.

  1. Chambon, op. cit., II, 303.
  2. Arch. Col., B, 1, p. 196.
  3. Arch. Col., F2, 18, p. 406, et Moreau de Saint-Méry, I, 259.