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I

M. Trayer est d’avis qu’il est assez difficile d’assigner une origine précise à l’introduction de l’esclavage dans les colonies françaises, et il s’abstient d’indiquer une date[1]. M. Cochin écrit que « les premiers esclaves des Antilles y furent amenés en 1650[2] ». D’après Voltaire, « la première concession pour la traite des nègres est du 11 novembre 1673[3] ». Or nous avons vu (p. 5) que, dès 1626, il y avait des esclaves à Saint-Christophe et qu’à partir de 1633 des navires français durent commencer à y en apporter (pp. 7 et 8).

En réalité, la traite se fait encore plus ou moins régulièrement ; elle n’a que l’approbation tacite du gouvernement, en attendant qu’il la réglemente, la protège et l’encourage ouvertement. Il ne paraît pas avoir jugé à propos de rien prescrire à ce sujet à la Compagnie des Îles d’Amérique. Mais nous constatons par d’assez nombreux documents qu’elle ne néglige pas cette partie de son commerce et qu’elle emploie déjà elle-même des nègres pour son propre compte. Ainsi un Extrait de l’acte d’assemblée de la Compagnie, du 2 décembre 1637, porte que le sieur Gentil, son représentant, devra redemander en justice les nègres et les sauvages de la Compagnie, dont le sieur d’Esnambuc s’est servi, et les faire travailler à l’habitation ; il est recommandé en même temps de les traiter avec humanité[4]. Un autre Extrait, du 3 mars 1638,

  1. Op. cit., p. 1.
  2. Op. cit., II, 430.
  3. Dict. philos. Art. Esprit des lois.
  4. Arch. Col., F, 52.