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En réalité, cette histoire se confond presque entièrement au début avec celle de la Compagnie de Saint-Christophe ou des Îles d’Amérique, qui jouit d’une autorité souveraine. Une première période va donc de 1626, date de sa création, à 1664, date de sa fin : c’est la période de fondation ou d’établissement, pendant laquelle les îles commencent à se peupler ; et c’est alors que domine encore la population blanche. Richelieu favorise ce mouvement d’expansion, sans pouvoir toutefois empêcher les Hollandais d’exporter une bonne partie des richesses que produisaient déjà les Antilles. — La seconde période, de 1664 à la mort de Colbert, ou plutôt à la promulgation du Code Noir (1685), préparé par lui, est marquée à la fois par le développement méthodique de l’esclavage et par les progrès de notre commerce avec les îles, dus à ceux de notre marine. — Une troisième période, jusqu’à la fin du règne de Louis XIV, atteste un véritable déclin : la marine n’est déjà plus ce que Colbert l’avait faite ; les mers ne sont plus aussi sûres pour nos navires ; nous nous laissons enlever Saint-Christophe, et la première brèche à notre puissance coloniale et maritime est faite par le traité d’Utrecht. À la mort du grand roi, nos colonies se trouvent « fatalement peuplées de 250.000 esclaves. L’esclavage sanctionné, consacré, imposé par le gouvernement, devient un principe… ; et cependant, jugé par l’opinion, l’esclavage doit s’effacer en présence des idées nouvelles[1]. »

Une quatrième période embrasse tout le cours du xviiie siècle, jusqu’à la Révolution. Il est à remarquer que c’est pendant ce siècle, qui allait donner naissance aux premières idées d’émancipation, que l’esclavage a pris la plus grande extension. Le système de Law produisit un revirement favorable aux colonies françaises. Profitant des mesures libérales dont il s’inspire, le commerce extérieur avec nos possessions lointaines prend un accroissement inconnu jusqu’alors. Aussi

  1. Dessalles, II, 412.