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nous avons déjà cité, il est constaté que, lors de la tentative de colonisation faite par les Belges à Saint-Thomas de Guatemala, ce furent des Caraïbes qui firent plus spécialement les travaux de défrichement ; ils fournirent 11.375 journées de travail et rendirent 11 hectares propres à la culture[1]. Il est resté quelques débris des indigènes insulaires à Porto-Rico ; ce sont les Ibaros, race un peu mêlée, à vrai dire, résultant d’unions entre les indigènes et les premiers colons ; paisibles, ils se sont montrés propres à tous les travaux de culture ou de défrichement et ont été une garantie de prospérité pour le pays où ils sont restés[2]. « Ils sont demeurés là pour servir à la condamnation de l’esclavage, en montrant qu’il n’était pas nécessaire à l’exploitation du sol, si l’avidité des premiers colons n’avait indignement abusé des forces des naturels[3]. »

En fait, et pour nous résumer, nous dirons que ces deux éléments de population, engagés et indigènes, n’ont eu en aucune façon l’importance qu’il eût été bon de leur attribuer, au lieu de ne viser qu’à les remplacer par les noirs d’Afrique.



VI

Assurément, nous ne saurions hasarder d’hypothèse pour essayer de deviner ce que fût devenue une société qui se serait constituée sur de telles bases. Mais, par contre, nous verrons combien a été profonde et néfaste l’influence de l’esclavage aux Antilles. Elle domine toute leur histoire. Rappelons-en brièvement les phases principales, en ne mentionnant que les traits qui se rapportent particulièrement à notre sujet[4].

  1. Rev. Col., janvier-août 1849, p. 310.
  2. Granier de Cassagnac, Voyage aux Antilles, II, 100-101 et 190.
  3. Wallon, Histoire de l’esclavage dans l’antiquité, introd., p. lxv.
  4. Pour l’ensemble de l’histoire des Antilles, voir surtout l’ouvrage de Dessalles.