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coup plus mauvais, écrit, dans un Mémoire[1] daté de 1788, qu’une population de blancs y est parfaitement possible.

C’est la conclusion d’une étude approfondie faite sur ce sujet par R. Lepelletier de Saint-Rémy[2]. L’auteur est seulement d’avis qu’il faut avoir soin de combattre l’action débilitante du climat, d’un côté par une réglementation bien comprise des heures de travail, de l’autre par un régime alimentaire fortifiant. « Les fruits, les racines féculentes des tropiques conviennent à l’Africain, dont la fibre serrée ne laisse échapper aucune déperdition. Mais à l’Européen, qui ne fait aucun travail sans être mouillé de sueur, il faut de la viande, du pain et du vin. »

Cette question a fait l’objet d’une enquête aussi complète que possible lors de la suppression de l’esclavage, et les résultats en ont été tout à fait probants.

Voici un premier témoignage extrait des Procès-verbaux de la Commission de 1840[3]. Le président, M. le duc de Broglie, s’adresse à M. Le Chevalier, qui avait été chargé d’une mission spéciale pour étudier les principales difficultés à résoudre en vue d’en arriver à l’abolition de l’esclavage : « Ainsi vous croyez que la culture du sucre pourrait être faite par les blancs. » — R. : « C’est une opinion qui a en sa faveur l’autorité d’un grand savant. M. de Humboldt, qui a vu ces pays beaucoup mieux que je n’ai pu les voir, a pensé ce que je pense à cet égard… Selon moi, ces climats ne sont pas inaccessibles à la race blanche. D’ailleurs, on sait que c’est par les blancs que la culture y a été fondée. Combien de pays plus malsains encore ont été habités et cultivés par les blancs ! » À l’appui de cette assertion, M. de

  1. Arch. col., F, 21. Précis des observations sur la Guyane.
  2. De quelques essais de colonisation européenne sous les tropiques : Le Kourou ; la Mana ; le Guazacoalco ; Santo-Tomas de Guatemala (Revue Coloniale : janvier-août 1849, pp. 268-317).
  3. Ministère de la Marine et des Colonies. Commission instituée par décision royale du 26 mai 1840, etc. T. I, pp. 51 et 52.