Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/418

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(appelée aussi Lucile dans plusieurs autres actes), ayant eu un enfant, a dû aller à l’hôpital. Il est délivré ordre de l’arrêter. Or la comtesse de Béthune, qui paraît informée des mauvais traitements que la dame Paquot exerçait contre son esclave, l’a prise sous sa protection et a sollicité un ordre du roi qui, en révoquant le premier, laisse Henriette-Lucile dans la jouissance de la liberté que les lois lui ont assurée, puisqu’elle n’a pas été ramenée en temps utile. — Le même carton des Archives Coloniales contient des pièces relatives à plusieurs autres affaires de revendication de liberté. Au sujet d’un nègre Azor, en particulier, transporté directement de la côte de Juda en France, il est déclaré qu’il n’a jamais pu être esclave.

Nous n’avons pas de relevé général du nombre des nègres existant à un moment donné en France. Voici simplement quelques indications : M. de Bacquencourt, intendant de Bourgogne, constate, le 21 décembre 1776, en réponse à une lettre de M. de Sartine, qu’il n’y en a que 9 dans sa généralité : 5 à Dijon, 1 à Louhans, 1 à Mâcon, 1 à Seurre. — Un extrait des registres de l’Amirauté de France, à Paris, du 1er janvier 1760 au 8 mars 1777, en porte 281. — Un autre état, sans lieu ni date, donne 360 depuis 1760. — Une liste dressée par l’Amirauté de Bordeaux en comprend 174, le 6 janvier 1778[1]. — Deux registres, conservés aux Archives Nationales[2], contiennent les noms de tous les noirs inscrits au greffe de l’Amirauté de France, depuis le 3 mai 1777 jusqu’au 6 octobre 1790. — En somme, il y en eut au plus quelques centaines, spécialement à Paris et dans les ports en relation avec les Antilles.

Constatons qu’on met au dépôt des nègres libres, par exemple un tonnelier, un perruquier[3], un chirurgien[4]. Sans doute ils étaient restés attachés à la personne de leurs maîtres.

  1. Toutes ces pièces sont aux Arch. Col., F6, Carton A.
  2. Z1D, 138.
  3. Arch. Col., F6, vol. 2, novembre 1777. État des noirs… débarqués au Havre.
  4. Ib., ib., février 1778. État des noirs… débarqués à Nantes.