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resterait dans la maison, ils ne se rendraient pas. Ledit économe tue un jour, d’un coup de couteau au ventre, une négresse marronne enceinte, qui se baignait. Deux mois après, les nègres le surprennent, l’enlèvent et le massacrent. Un certain nombre sont condamnés ; mais, peu après, le roi accorde le pardon à tous les autres accusés.

Voici encore un cas très particulier[1] : Un nègre, condamné une première fois à mort, a été gracié parce qu’il a accepté de devenir exécuteur. Il a fui ; mais le Conseil de la Martinique est très embarrassé pour savoir s’il peut le condamner de nouveau à mort, le premier cas de marronage ne comportant pas cette peine. Il se demande s’il y a prescription pour la première condamnation. Pendant ce temps, le nègre s’évade de nouveau ; il est repris ; alors le Conseil n’hésite plus.

En 1747, à Sainte-Lucie, les marrons occupent les habitants pendant trois mois[2]. Ils voulaient brûler les habitations et venir ensuite au Carénage mettre le feu au magasin et à la poudrière. Devant le danger, D’Albon et Moreau de Saint-Méry publient une ordonnance promettant l’amnistie à ceux qui se rendraient en janvier.



V

Certains nègres trouvaient le moyen de s’enfuir hors des îles et jusqu’en France. Le maréchal de Saxe eut l’idée de les employer comme soldats ; les marrons, en général les plus audacieux, lui avaient paru devoir faire de bonnes recrues. On aurait pu, pensait-il, lui en envoyer de ceux qui avaient été repris aux Antilles. Mais le Ministre lui écrit à ce propos, le 3 novembre 1747[3] : « Le projet qu’on vous a proposé dans le

  1. Arch. Col., Ann. Mart., F, 244, p. 399, 15 septembre 1746.
  2. Arch. Col., F, 134. p. 8.
  3. Arch. Col., F, 143.